Qui se souvient de Younes Bnou Marzouk ?

Mais si, ce jeune marocain prêté par la Juventus Turin au SCO Angers fin janvier 2016 !

Saison 2015-16, en pleine bourre, les promus angevins surprennent la Ligue 1, bouclant la première partie de championnat à la 3ème place ! Portés par Ndoye, Mangani et Ketkeo (en fin de saison ils cumuleront 19 buts à eux trois sur les 40 de l'équipe), le SCO cherche à diversifier ses sources de danger lors du mercato d'hiver, qui plus est avec le départ Outre-Manche d'Abdoul Camara. Débarquent alors trois profils offensifs sur les cinq recrues : Mohamed Yattara, Saïd Benrahma et le jeune Bnou Marzouk, 19 ans. Le directeur sportif, Olivier Pickeu, ne s'y trompe pas, le marocain arrive en post-formation et « s'il parvient à montrer les qualités que l'on imagine, le coach fera peut-être appel à lui », peut-être...

Un marocain... français

Pour Younes, c'est un retour au pays. Et oui, car le marocain est... français. Originaire de Farébersviller en Moselle, Bnou Marzouk a fréquenté le centre de formation du FC Metz avant de se faire repérer par la Vieille Dame lors de la CAN U17 2013 avec le Maroc, sélection qu'il a depuis snobé, ayant porté le maillot tricolore en U18 (2 sélections), un choix dicté « par un point de vue professionnel ». Quatrième de la compétition, Younes y plante 4 buts en 5 rencontres et hérite du titre de deuxième meilleur joueur de la compétition. La petite parenthèse : une compét' où les nigérians Isaac Success, maintenant à Watford, et Kelechi Iheanacho (Leicester City) brillent, 6 buts pour le premier, 4 pour le second. De son côté, le néo-marocain se voit proposer, à 17 ans, un contrat au long cours de 3 ans plus deux années en option par la Juve.

Double buteur [1:03], [5:12], numéro 19 dans le dos.

Un crève cœur pour l'éducateur messin, Olivier Perrin, qui voit un « bel espoir » le quitter alors qu'Olivier Kemen fait lui aussi ses valises... Perrin n'est pas dupe, il redoute que sa pépite soit baladée de prêt en prêt pour s'aguerrir. Le premier, justement, interviendra deux ans plus tard, pas en D3 italienne comme il l'avait prédit mais en Belgique, au KVC Westerlo. Il y retrouve son jeune coéquipier Vajebah Sakor avec qui il a participé aux matchs d'UEFA Youth League dans le Piémont. Ils partageront un autre point commun, celui de ne disputer aucun match de première division belge, Younes prenant tout de même part à deux rencontres de Coupe de Belgique pour 55 minutes de jeu.

Un prêt, un pays

Lui qui voulait se mettre au néerlandais... Face au peu d'opportunités s'offrant à lui, le voilà donc six mois plus tard dans le Maine-et-Loire pour un nouveau prêt, faisant les gros titres de la presse, « Angers s'offre un attaquant de la Juventus ». Facile, facile. En déficit physique, il se retape avec la réserve en CFA 2 pour 8 apparitions (dont 6 titularisations) et un but. S'il n'y avait pas d'option d'achat adossée au prêt, celui-ci était assorti d'une prolongation. Younes y continue ainsi l'aventure pour la saison 2016-17. Toujours en CFA2, jamais appelé en équipe première. A Metz, en juillet 2013, Olivier Perrin le voyait toquer à la porte des pro' d'ici un à deux ans s'il restait au pays, nous sommes en janvier 2016 et après deux échecs successifs en Belgique puis en France, Younes met le cap sur la Suisse et le FC Chiasso, évoluant en Challenge League, la D2 locale.
 

C'est dans la commune la plus méridionale du pays qu'il se fera un nom, claquant 12 réalisations en 18 confrontations. De quoi séduire une écurie de première division qualifiée en Europa League, le FC Lugano, qu'il rallie l'été dernier, libre. Installé titulaire en début de saison, le français y a perdu sa place courant septembre, ne trouvant le chemin des filets qu'à une seule reprise... Sur le banc, il aura le temps de s'inspirer du parcours de Jean-Pierre Nsamé, dans l'impasse au SCO, il explose en D2 Suisse avec le Servette (31 matchs, 23 buts) et brille actuellement en D1 avec les Youngs Boys de Berne (9 matchs, 6 buts). Le 10 septembre, il a pu le voir de près, le camerounais lui collant un doublé au côté de ce bon vieux Hoarau... Dernier de Super League avec son club, Younes doit de son côté croiser les doigts pour ne pas vivre une nouvelle saison galère. Et si tout avait été différent s'il n'avait pas quitté la Moselle ? Olivier Perrin doit forcément y penser...

Le terrible goleador du grand FC Chiasso